Créer une société civile immobilière (SCI) représente une solution patrimoniale de plus en plus prisée par les investisseurs et les familles françaises. Ce véhicule juridique offre une alternative structurée à l’indivision pour gérer un bien immobilier à plusieurs, faciliter la transmission patrimoniale ou optimiser la gestion locative. Mais comment fonctionne réellement une SCI ? Quelles sont ses obligations juridiques et fiscales ? Ce guide complet vous accompagne de la constitution à la gestion quotidienne, en passant par les choix fiscaux déterminants entre impôt sur le revenu et impôt sur les sociétés.
Qu’est-ce qu’une SCI ?
Définition juridique et caractéristiques de base
La société civile immobilière est une structure juridique régie par les articles 1832 et suivants du Code civil. Elle se caractérise par son objet exclusivement immobilier : acquisition, construction, gestion ou location de biens immobiliers. Contrairement aux sociétés commerciales, la SCI ne peut exercer d’activité de nature commerciale comme la marchand de biens ou la promotion immobilière.
Pour constituer une SCI, deux conditions essentielles doivent être réunies : un minimum de deux associés (personnes physiques ou morales) et un capital social librement fixé par les statuts. Ce capital peut être constitué d’apports en numéraire (sommes d’argent) ou en nature (biens immobiliers notamment). La responsabilité des associés est illimitée mais proportionnelle à leurs parts sociales.
Pourquoi créer une SCI ?
Les motivations pour créer une société civile immobilière sont multiples et répondent à des objectifs patrimoniaux variés. La SCI permet d’abord d’éviter les contraintes de l’indivision en offrant un cadre juridique structuré pour la gestion collective d’un bien immobilier. Les règles de fonctionnement sont définies dans les statuts, ce qui prévient les blocages décisionnels.
La transmission patrimoniale constitue un autre avantage majeur. La SCI familiale facilite la donation progressive de parts sociales aux enfants, avec des abattements fiscaux renouvelables tous les 15 ans. Cette stratégie permet de préparer la succession tout en conservant la gestion du patrimoine via la gérance. Enfin, la SCI simplifie l’investissement locatif à plusieurs en mutualisant les ressources et en répartissant les revenus selon les parts détenues.
Différence entre SCI et indivision
Le choix entre SCI et indivision constitue une décision patrimoniale importante. L’indivision naît automatiquement lors d’une succession ou d’un achat en commun, sans formalité particulière. Chaque indivisaire détient une quote-part du bien entier, et les décisions importantes requièrent généralement l’unanimité ou une majorité des deux tiers.
La société civile immobilière, en revanche, implique une démarche volontaire de création avec rédaction de statuts et immatriculation au registre du commerce et des sociétés. Les associés détiennent des parts sociales plutôt qu’une quote-part du bien, qui appartient à la personne morale. Les règles de gestion sont personnalisables via les statuts, offrant une flexibilité absente de l’indivision. Pour sortir de l’indivision, créer une SCI représente souvent une solution pérenne.
Constitution et statuts d’une SCI
Étapes de création
La création d’une société civile immobilière suit un processus structuré en plusieurs étapes obligatoires. La première consiste en la rédaction des statuts, document fondateur qui définit les règles de fonctionnement de la SCI. Ces statuts doivent être établis par écrit, soit sous seing privé, soit par acte notarié (obligatoire en cas d’apport d’un bien immobilier).
La deuxième étape concerne le dépôt du capital social sur un compte bancaire bloqué au nom de la SCI en formation. Un certificat de dépôt est alors remis, nécessaire pour l’immatriculation. L’enregistrement des statuts auprès du service des impôts des entreprises permet d’acquitter les droits d’enregistrement, dont le montant varie selon la nature des apports.
L’immatriculation au greffe du tribunal de commerce constitue l’étape finale. Le dossier doit comprendre les statuts signés, le certificat de dépôt du capital, une attestation de parution dans un journal d’annonces légales, et le formulaire M0. Une fois immatriculée, la SCI obtient son numéro SIREN et acquiert la personnalité morale.
Mentions obligatoires des statuts
Les statuts de la société civile immobilière doivent comporter plusieurs mentions obligatoires pour être valables juridiquement. La dénomination sociale choisie par les associés identifie la SCI. L’objet social doit être précisément défini et rester de nature civile, généralement la gestion et la location de biens immobiliers.
Le siège social détermine la nationalité de la SCI et le tribunal compétent en cas de litige. Il peut être fixé au domicile du gérant ou à l’adresse d’un bien détenu par la société. Le capital social et sa répartition entre associés doivent être mentionnés, avec le nombre de parts sociales et leur valeur nominale.
Les modalités de gérance constituent une section cruciale : nomination du ou des gérants, étendue de leurs pouvoirs, durée du mandat, conditions de révocation. Les clauses relatives aux assemblées générales (convocation, quorum, majorité) et aux cessions de parts sociales (agrément, droit de préemption) organisent le fonctionnement démocratique de la SCI. La durée de vie de la société, limitée à 99 ans maximum, doit également figurer dans les statuts.
Formes de SCI (familiale, d’attribution, classique)
La SCI familiale regroupe exclusivement des membres d’une même famille (ascendants, descendants, conjoints, frères et sœurs). Elle bénéficie d’avantages fiscaux spécifiques pour la transmission de patrimoine, notamment l’application d’abattements sur les donations. Cette forme est particulièrement adaptée pour préparer une succession en douceur.
La SCI d’attribution a pour objet la construction ou l’acquisition d’un immeuble en vue de sa division par fractions attribuées aux associés en propriété ou en jouissance. Chaque associé a vocation à devenir propriétaire d’un lot privatif. Cette forme est encadrée par des règles spécifiques et aboutit généralement à la dissolution de la société une fois la division réalisée.
La SCI classique ou de gestion correspond au modèle standard. Elle acquiert et gère des biens immobiliers destinés à la location ou à la conservation patrimoniale. Elle convient aux investisseurs non apparentés souhaitant mutualiser leurs moyens pour un projet immobilier commun. La SCI de location meublée peut également opter pour un régime fiscal spécifique si elle remplit certaines conditions.
Fonctionnement interne : gérance, associés, décisions
Rôle du gérant, pouvoirs, nomination, responsabilité
Le gérant de la société civile immobilière assure la gestion courante et représente la société vis-à-vis des tiers. Désigné dans les statuts ou nommé par assemblée générale, il peut être associé ou tiers à la SCI. Ses pouvoirs sont définis par les statuts et la loi : il accomplit tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société.
Le gérant engage la SCI par sa signature pour les actes courants : conclusion de baux, encaissement des loyers, paiement des charges, entretien des biens. Pour les actes graves comme la vente d’un immeuble, une autorisation préalable des associés est généralement requise par les statuts. Le gérant peut être rémunéré si les statuts le prévoient, sa rémunération étant alors soumise aux cotisations sociales.
La responsabilité du gérant est triple. Civilement, il répond de ses fautes de gestion envers la SCI et les associés. Pénalement, il peut être poursuivi en cas d’abus de biens sociaux ou de présentation de comptes infidèles. Fiscalement, il est responsable de l’établissement et du dépôt des déclarations obligatoires. La révocation du gérant est possible selon les modalités prévues aux statuts, généralement par décision collective des associés.
Droits et obligations des associés
Les associés de la société civile immobilière détiennent des droits politiques, financiers et patrimoniaux. Le droit de vote en assemblée générale permet de participer aux décisions collectives, proportionnellement au nombre de parts détenues. Le droit à l’information autorise la consultation des comptes et des documents sociaux.
Sur le plan financier, chaque associé a droit à sa quote-part des bénéfices distribuables et supporte les pertes dans la même proportion. En cas de dissolution, il perçoit sa part dans le boni de liquidation après remboursement du capital. Mais attention : la responsabilité des associés de SCI est illimitée. En cas de dettes, ils peuvent être poursuivis sur leur patrimoine personnel, proportionnellement à leurs parts sociales.
Les obligations des associés incluent la réalisation de leurs apports (en numéraire ou en nature) et la contribution aux pertes. En SCI à l’impôt sur le revenu, chaque associé doit déclarer sa quote-part des revenus fonciers dans sa déclaration personnelle, même si les bénéfices ne sont pas distribués. Cette particularité fiscale peut générer une imposition sans trésorerie disponible.
Assemblées générales, majorités, cession de parts
Les assemblées générales constituent l’organe de décision collective de la société civile immobilière. L’assemblée générale ordinaire (AGO) se réunit au moins une fois par an pour approuver les comptes, affecter le résultat et renouveler le gérant. L’assemblée générale extraordinaire (AGE) statue sur les modifications statutaires : changement d’objet social, augmentation de capital, prorogation de la durée.
Les règles de convocation, de quorum et de majorité sont fixées par les statuts. En l’absence de clause spécifique, les décisions ordinaires sont prises à la majorité des parts sociales, les décisions extraordinaires à l’unanimité. Une rédaction précise des statuts évite les blocages : prévoir des majorités qualifiées (deux tiers, trois quarts) plutôt que l’unanimité pour certaines décisions stratégiques.
La cession de parts sociales de SCI est strictement encadrée. La cession entre associés ou à des membres de la famille est généralement libre. La cession à des tiers requiert l’agrément des autres associés selon une majorité définie aux statuts. La cession doit être constatée par acte sous seing privé ou notarié, puis signifiée à la SCI par huissier ou acceptée par le gérant. Les droits d’enregistrement de 5% du prix de cession sont à la charge de l’acquéreur.
Obligations juridiques, comptables et déclaratives
Tenue de la comptabilité et approbation des comptes
La société civile immobilière doit tenir une comptabilité régulière, même simplifiée. Le gérant établit chaque année un inventaire des actifs et passifs, un compte de résultat retraçant les produits et charges, et un bilan présentant la situation patrimoniale. Cette obligation comptable existe quelle que soit l’option fiscale de la SCI.
Les comptes annuels doivent être approuvés par l’assemblée générale des associés dans les six mois suivant la clôture de l’exercice. Cette approbation fait l’objet d’un procès-verbal d’assemblée conservé dans les registres de la société. En SCI soumise à l’impôt sur les sociétés, les comptes doivent être déposés au greffe du tribunal de commerce, sauf pour les petites SCI bénéficiant d’une dispense.
Le non-respect de ces obligations comptables expose la SCI à des sanctions fiscales : amende pour défaut de tenue de comptabilité, rejet de la comptabilité et taxation d’office par l’administration fiscale. Pour les associés, l’absence de comptes fiables complique l’établissement de leurs déclarations fiscales personnelles, notamment en régime d’impôt sur le revenu où chacun doit déclarer sa quote-part de revenus fonciers.
Publications légales et modifications statutaires
Toute modification statutaire de la société civile immobilière nécessite une décision d’assemblée générale extraordinaire et des formalités de publicité. Le changement de gérant, de siège social, d’objet social ou de dénomination doit être déclaré au greffe du tribunal de commerce dans un délai d’un mois.
La procédure comprend plusieurs étapes : tenue d’une AGE, rédaction d’un procès-verbal de délibération, mise à jour des statuts, publication d’un avis de modification dans un journal d’annonces légales, dépôt d’un dossier au greffe avec le formulaire M2. Le greffe inscrit la modification au registre du commerce et des sociétés (RCS) et délivre un extrait Kbis actualisé.
Certaines modifications entraînent des coûts fiscaux supplémentaires. L’augmentation de capital par apport d’un bien immobilier génère des droits d’enregistrement de 5% de la valeur du bien (après abattement si donation). Le non-respect des formalités de publicité expose la SCI à des sanctions financières et à l’inopposabilité des modifications aux tiers.
Risques en cas de non-respect
Le non-respect des obligations juridiques de la société civile immobilière expose gérant et associés à plusieurs risques graves. La requalification fiscale constitue le danger principal : une SCI qui ne respecte pas son objet civil (par exemple, en exerçant une activité de marchand de biens) peut être requalifiée en société commerciale. Cette requalification entraîne l’assujettissement à l’impôt sur les sociétés et la perte des avantages fiscaux.
La responsabilité personnelle du gérant peut être engagée en cas de faute de gestion : défaut de convocation d’assemblée, présentation de comptes inexacts, abus de biens sociaux. Les associés lésés peuvent demander réparation devant les tribunaux. En cas de dette fiscale ou sociale non payée, l’administration peut rechercher la responsabilité personnelle et solidaire du gérant pour faute détachable.
Les associés, du fait de leur responsabilité illimitée, peuvent être poursuivis par les créanciers de la SCI au-delà de leurs apports. Si la société ne peut honorer ses dettes, chaque associé est tenu à proportion de ses parts sociales. Cette particularité distingue la SCI des sociétés commerciales à responsabilité limitée et justifie une gestion rigoureuse.
Fiscalité de la SCI : IR ou IS
Régime par défaut à l’impôt sur le revenu (IR)
Par défaut, la société civile immobilière est soumise au régime de l’impôt sur le revenu. Dans ce régime de transparence fiscale, la SCI n’est pas imposée directement : les revenus fonciers sont répartis entre les associés proportionnellement à leurs parts, qui les déclarent dans leur déclaration personnelle d’impôt sur le revenu.
Chaque associé complète une déclaration de revenus fonciers (formulaire 2044) en y reportant sa quote-part de revenus et de charges. Le résultat foncier peut être déficitaire si les charges (intérêts d’emprunt, travaux, assurances, taxe foncière) dépassent les loyers. Ce déficit est imputable sur le revenu global dans la limite de 10 700 euros par an, le surplus étant reportable sur les revenus fonciers des dix années suivantes.
Le régime de l’IR présente des avantages pour la transmission : les plus-values immobilières bénéficient de l’abattement pour durée de détention (exonération totale après 22 ans pour l’impôt, 30 ans pour les prélèvements sociaux). En cas de donation de parts sociales, les abattements familiaux s’appliquent (100 000 euros par enfant tous les 15 ans). Ce régime convient particulièrement aux SCI familiales patrimoniales.
Option pour l’impôt sur les sociétés (IS)
La société civile immobilière peut opter pour l’assujettissement à l’impôt sur les sociétés. Cette option est irrévocable et modifie profondément le régime fiscal de la SCI. La société devient un sujet fiscal autonome, imposée sur ses bénéfices au taux de l’IS (15% jusqu’à 42 500 euros, puis 25% au-delà).
L’option pour l’IS présente des avantages pour les SCI générant des bénéfices importants destinés à être réinvestis. Les amortissements des immeubles deviennent déductibles, réduisant significativement le résultat imposable. La rémunération du gérant associé est déductible du résultat. Le taux d’IS peut être inférieur à la tranche marginale d’imposition des associés, générant une économie d’impôt.
Les inconvénients sont majeurs : les plus-values immobilières sont imposées comme des résultats d’exploitation sans abattement pour durée de détention. La distribution de dividendes supporte un double niveau d’imposition (IS puis prélèvement forfaitaire unique de 30% pour les associés). La dissolution de la SCI génère une imposition sur le boni de liquidation. Ce régime convient davantage aux projets de construction-vente ou aux SCI à forte rentabilité.
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Autres éléments fiscaux (plus-values, TVA, transmission)
La taxation des plus-values immobilières diffère selon le régime fiscal de la société civile immobilière. En régime IR, la plus-value réalisée lors de la cession d’un immeuble ou de parts sociales par un associé bénéficie de l’abattement pour durée de détention. En régime IS, la plus-value est imposée au taux de l’IS sans abattement, ce qui peut considérablement alourdir la fiscalité en cas de revente.
La TVA s’applique aux opérations de construction-vente ou de location meublée professionnelle réalisées par une SCI. Dans ce cas, la société doit s’immatriculer à la TVA, facturer la taxe à ses clients et la reverser au Trésor public. Cette obligation complexifie la gestion comptable et fiscale de la SCI.
La transmission de parts sociales s’effectue généralement par donation pour optimiser la fiscalité successorale. Les abattements familiaux (100 000 euros par parent et par enfant tous les 15 ans) permettent de transmettre progressivement le patrimoine en franchise de droits. En cas de décès d’un associé, les parts sociales font partie de la succession et sont soumises aux droits de succession, avec application des abattements et du barème progressif. La SCI familiale constitue ainsi un outil précieux de gestion du patrimoine transgénérationnel.
Transmission et patrimoine – l’utilité de la SCI familiale
Cession de parts, donation, transmission progressive
La SCI familiale excelle dans l’organisation de la transmission patrimoniale. Contrairement à la donation d’un bien immobilier en pleine propriété, la donation de parts sociales permet de conserver la maîtrise du patrimoine via la gérance. Les parents peuvent ainsi transmettre la nue-propriété des parts à leurs enfants tout en conservant l’usufruit, et donc le contrôle de la gestion et la perception des revenus.
Le démembrement de propriété (séparation entre nue-propriété et usufruit) offre un double avantage fiscal. Seule la valeur de la nue-propriété est soumise aux droits de donation, selon un barème dégressif fonction de l’âge de l’usufruitier. Au décès du donateur, les enfants récupèrent automatiquement la pleine propriété sans droits de succession supplémentaires. Pour comprendre ces mécanismes, consultez notre guide sur les différences entre usufruit, nue-propriété et pleine propriété.
La transmission progressive par donations successives tous les 15 ans permet de profiter pleinement des abattements fiscaux renouvelables. Une famille avec deux enfants peut transmettre 400 000 euros en franchise de droits (100 000 euros par parent et par enfant) tous les 15 ans. Sur 30 ans, ce sont 800 000 euros qui peuvent être transmis sans fiscalité. Les alternatives à l’indivision successorale méritent d’être étudiées attentivement dans ce contexte.
Risques et précautions à prévoir
La société civile immobilière familiale nécessite des précautions rédactionnelles dans les statuts pour éviter les conflits. Les clauses d’agrément doivent être soigneusement rédigées pour encadrer l’entrée de nouveaux associés, notamment en cas de remariage d’un héritier. Une clause d’inaliénabilité temporaire peut empêcher la cession des parts pendant une durée déterminée.
L’évaluation des parts sociales lors des donations constitue un point de vigilance. Une sous-évaluation manifeste peut être redressée par l’administration fiscale, générant des pénalités. À l’inverse, une surévaluation prive la famille des abattements disponibles. L’intervention d’un expert immobilier pour valoriser les biens détenus par la SCI sécurise l’opération.
Le risque de blocage décisionnel existe si les statuts prévoient l’unanimité pour les décisions importantes. En cas de mésentente entre associés, la SCI peut se retrouver paralysée. Prévoir des clauses de sortie (rachat de parts, exclusion d’associé) et désigner un médiateur familial dans les statuts prévient ces situations. Les litiges liés à l’indivision montrent l’importance de bien anticiper ces questions.
Dissolution de la SCI, sortie des associés
La dissolution de la société civile immobilière intervient pour diverses causes : arrivée du terme statutaire, réalisation ou extinction de l’objet social, décision des associés, liquidation judiciaire. La dissolution entraîne la nomination d’un liquidateur chargé de réaliser l’actif, apurer le passif et répartir le boni de liquidation entre les associés.
Un associé peut quitter la SCI de son vivant par cession de ses parts ou, si les statuts le prévoient, par retrait avec remboursement de ses droits. Cette sortie nécessite généralement l’accord des autres associés et une valorisation actualisée des parts. En cas de désaccord, le recours judiciaire reste possible mais coûteux et chronophage.
Au décès d’un associé, ses parts sont transmises à ses héritiers qui deviennent automatiquement associés de la SCI, sauf clause d’agrément contraire. Les statuts peuvent prévoir une clause de continuation avec les seuls associés survivants, moyennant le rachat des parts du défunt. Cette flexibilité successorale distingue avantageusement la SCI de l’indivision, où le divorce et l’indivision créent souvent des situations complexes.
Avantages et limites / risques de la SCI
Avantages : gestion souple, transmission, mutualisation coûts
La société civile immobilière offre une souplesse de gestion incomparable. Les statuts personnalisables permettent d’adapter les règles de fonctionnement aux besoins spécifiques des associés : répartition inégalitaire des bénéfices, majorités qualifiées, clauses de préférence. Cette flexibilité évite les rigidités de l’indivision où l’unanimité paralyse souvent les décisions.
La facilité de transmission constitue l’atout majeur de la SCI familiale. Les donations de parts bénéficient d’abattements fiscaux renouvelables, le démembrement de propriété optimise la transmission, et les parents conservent le contrôle via la gérance. Cette stratégie patrimoniale permet d’anticiper la succession tout en maintenant l’unité du patrimoine immobilier familial.
La mutualisation des moyens facilite l’investissement immobilier. Plusieurs associés peuvent acquérir ensemble un bien inaccessible individuellement, partager les charges de gestion et d’entretien, et diluer les risques locatifs. La SCI permet également de bénéficier de financements bancaires plus importants grâce à la solidarité financière des associés.
Points de vigilance : responsabilité illimitée, gestion rigoureuse, coût
La responsabilité illimitée des associés représente le risque principal de la société civile immobilière. En cas d’endettement de la société, les créanciers peuvent poursuivre les associés sur leur patrimoine personnel, au-delà de leurs apports. Cette responsabilité indéfinie oblige à une gestion prudente et à une vigilance constante sur la capacité financière de la SCI.
Les coûts de création et de fonctionnement ne sont pas négligeables. La constitution initiale génère des frais de greffe, de publication et éventuellement d’honoraires notariés (1 000 à 3 000 euros). Annuellement, la SCI supporte des frais comptables, l’établissement de la liasse fiscale, et les honoraires d’un expert-comptable pour les structures plus complexes (500 à 2 000 euros par an).
La gestion administrative rigoureuse exigée peut rebuter certains investisseurs. Tenue de comptabilité, convocation d’assemblées générales, rédaction de procès-verbaux, déclarations fiscales multiples : ces obligations nécessitent du temps et de la rigueur. Un défaut de formalisme peut entraîner la requalification fiscale de la SCI ou la mise en cause de la responsabilité du gérant. Une gestion professionnelle s’avère souvent indispensable.
Checklist pratique & bonnes pratiques
Avant la création de votre SCI :
- Définir précisément l’objectif patrimonial (gestion locative, transmission, investissement collectif)
- Choisir les associés avec discernement en fonction de la confiance et de la vision commune
- Réaliser un audit des biens à apporter pour vérifier l’absence de servitudes ou d’hypothèques
- Consulter un notaire et un expert-comptable pour valider la pertinence de la structure
- Anticiper le régime fiscal (IR ou IS) en fonction de votre situation et de vos objectifs
Lors de la rédaction des statuts :
- Définir clairement l’objet social en restant dans le cadre civil
- Organiser précisément la gérance : pouvoirs, durée du mandat, révocation
- Prévoir des clauses de sortie et de règlement des différends (médiation, arbitrage)
- Adapter les majorités de vote pour éviter les blocages (préférer les majorités qualifiées à l’unanimité)
- Inclure une clause de démembrement de propriété pour faciliter la transmission
- Encadrer strictement les cessions de parts avec agrément et droit de préemption
Pendant le fonctionnement de la SCI :
- Tenir rigoureusement la comptabilité et conserver tous les justificatifs
- Convoquer l’assemblée générale annuelle dans les délais légaux
- Rédiger des procès-verbaux détaillés pour chaque décision importante
- Séparer strictement le patrimoine de la SCI et celui du gérant
- Souscrire les assurances nécessaires (propriétaire non occupant, responsabilité civile du gérant)
- Effectuer les déclarations fiscales dans les délais (2072, 2044, liasse fiscale si IS)
Pour optimiser la transmission :
- Procéder à des donations régulières tous les 15 ans pour renouveler les abattements
- Privilégier le démembrement de propriété pour conserver la maîtrise du patrimoine
- Faire évaluer les parts sociales par un professionnel pour sécuriser les donations
- Anticiper l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) dans la valorisation du patrimoine
- Documenter toutes les opérations de donation avec l’aide d’un notaire
FAQ
Q1 : Combien faut-il d’associés pour créer une SCI ?
Il faut au minimum 2 personnes (physiques ou morales) pour constituer une société civile immobilière. Ces associés peuvent être des membres d’une même famille (SCI familiale) ou des investisseurs sans lien de parenté. La loi ne fixe pas de maximum d’associés.
Q2 : Quelle fiscalité s’applique de base à une SCI ?
Par défaut, une SCI est soumise à l’impôt sur le revenu (IR). Dans ce régime, les bénéfices sont imposés entre les mains des associés selon leur quote-part. Chaque associé déclare sa part de revenus fonciers dans sa déclaration personnelle d’impôt sur le revenu, même si les bénéfices ne sont pas effectivement distribués.
Q3 : Quand faut-il opter pour l’impôt sur les sociétés (IS) pour une SCI ?
L’option pour l’IS peut être intéressante pour les SCI générant des bénéfices élevés destinés à être réinvestis plutôt que distribués. Elle permet de déduire les amortissements des immeubles et d’être imposé au taux de l’IS (15% ou 25%) plutôt qu’à la tranche marginale d’imposition des associés. Attention : cette option est irrévocable et pénalise les plus-values immobilières.
Q4 : Une SCI permet-elle d’éviter l’indivision ?
Oui, la société civile immobilière constitue une excellente alternative à l’indivision. Contrairement à l’indivision où chaque indivisaire détient une quote-part du bien entier, les associés de SCI détiennent des parts sociales d’une personne morale propriétaire du bien. Les règles de gestion sont définies par les statuts plutôt que par les dispositions rigides du Code civil, ce qui limite considérablement les risques de conflits et de blocages décisionnels.
Q5 : Quels sont les principaux risques liés à une SCI ?
Les risques principaux sont la responsabilité illimitée des associés (qui peuvent être poursuivis sur leur patrimoine personnel en cas de dettes de la société), les coûts de création et de gestion non négligeables, les conséquences d’une mauvaise rédaction des statuts (blocages, conflits), et le choix d’une option fiscale inadaptée. Une gestion rigoureuse et un accompagnement professionnel permettent de maîtriser ces risques.
Q6 : Peut-on créer une SCI avec son conjoint ?
Oui, deux époux peuvent parfaitement créer une SCI ensemble. Cette configuration est fréquente pour acquérir la résidence principale ou un bien locatif. Attention cependant : en cas de divorce, la SCI subsiste mais la gestion peut devenir conflictuelle. Il est prudent de prévoir dans les statuts des clauses de sortie et de rachat de parts pour anticiper cette situation.
Q7 : Une SCI peut-elle emprunter pour acheter un bien immobilier ?
Absolument. La société civile immobilière peut contracter un emprunt bancaire pour financer l’acquisition ou la rénovation d’un bien immobilier. Les établissements bancaires demandent généralement le cautionnement personnel des associés. Les intérêts d’emprunt sont déductibles des revenus fonciers en régime IR, ce qui optimise la fiscalité de l’investissement locatif.
Conclusion
La société civile immobilière s’affirme comme un outil patrimonial puissant et flexible pour gérer, valoriser et transmettre un patrimoine immobilier. Qu’il s’agisse d’une SCI familiale destinée à préparer la succession, d’un véhicule d’investissement collectif ou d’une structure de gestion locative, ce montage juridique offre des avantages considérables en termes de souplesse de fonctionnement et d’optimisation fiscale.
Le choix entre le régime de l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés, la rédaction minutieuse des statuts, le respect rigoureux des obligations comptables et juridiques : autant de décisions stratégiques qui conditionnent la réussite de votre projet. La SCI ne s’improvise pas et nécessite un accompagnement professionnel pour éviter les écueils fiscaux et juridiques.
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Mise à jour le 09/11/2025




