Lorsqu’il s’agit de transmettre ou d’acquérir un bien immobilier, trois notions juridiques reviennent systématiquement : la pleine propriété, l’usufruit et la nue-propriété. Ces trois régimes définissent qui détient quels droits sur un bien, qui en assume les obligations et quelles sont les conséquences fiscales et patrimoniales associées.
Comprendre ces différences est essentiel, que vous envisagiez une donation à vos enfants, que vous soyez confronté à une succession ou que vous étudiiez un investissement immobilier optimisé. Pourtant, ces concepts juridiques peuvent sembler complexes au premier abord.
Dans cet article, nous vous proposons un éclairage complet et pratique sur ces trois statuts de propriété. Vous découvrirez leurs définitions précises, leurs implications concrètes au quotidien, ainsi que les situations où chacun se révèle le plus adapté.
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Qu’est-ce que la pleine propriété ?
Définition juridique : les trois attributs du droit de propriété
La pleine propriété représente le droit de propriété dans son intégralité. Elle réunit les trois attributs fondamentaux reconnus par le Code civil français :
- L’usus : le droit d’utiliser le bien, d’y habiter ou de le laisser vacant selon votre choix
- Le fructus : le droit de percevoir les fruits du bien, c’est-à-dire les loyers si vous le louez ou les récoltes s’il s’agit d’un terrain agricole
- L’abusus : le droit de disposer du bien, donc de le vendre, le donner, le léguer ou le transformer
Le plein propriétaire cumule ces trois prérogatives sans limitation. Il dispose d’une maîtrise totale sur son bien et peut en faire l’usage qu’il souhaite, dans le respect de la loi et des règlements d’urbanisme.
Illustration concrète de la pleine propriété
Prenons l’exemple de Madame Dubois, propriétaire d’un appartement dans le 17ème arrondissement de Paris. En tant que pleine propriétaire, elle peut :
- Y habiter elle-même ou le prêter à ses enfants
- Le louer et percevoir l’intégralité des loyers
- Le vendre à tout moment au prix qu’elle fixe
- Réaliser des travaux de rénovation ou de transformation (sous réserve des autorisations nécessaires)
- Le léguer par testament à la personne de son choix
Cette liberté totale de décision caractérise la pleine propriété. Cependant, elle implique également l’ensemble des obligations : paiement de la taxe foncière, charges de copropriété, travaux d’entretien et grosses réparations.
La pleine propriété est le régime le plus courant et le plus simple à appréhender. Mais elle n’est pas toujours le montage le plus avantageux sur le plan fiscal ou patrimonial, notamment dans le cadre d’une transmission familiale.
Qu’est-ce que l’usufruit ?
Définition : droit d’usage et de percevoir les revenus
L’usufruit est un droit réel qui confère à son titulaire – l’usufruitier – le pouvoir d’utiliser un bien et d’en percevoir les revenus, sans en être propriétaire au sens plein du terme. L’usufruitier détient deux des trois attributs de la propriété : l’usus (usage) et le fructus (fruits), mais pas l’abusus (disposition).
Concrètement, cela signifie qu’un usufruitier peut :
- Occuper le logement comme résidence principale ou secondaire
- Le louer et encaisser les loyers pour son propre compte
- Jouir pleinement du bien dans le respect de sa destination
En revanche, l’usufruitier ne peut pas vendre le bien, puisqu’il n’en est pas le propriétaire des murs. Cette prérogative appartient au nu-propriétaire.
Droits et obligations de l’usufruitier
L’usufruit n’est pas seulement un droit, il emporte aussi des obligations précises définies par le Code civil :
Obligations de l’usufruitier :
- Assurer l’entretien courant du bien : petites réparations, remplacement des équipements vétustes, entretien des jardins
- Payer la taxe foncière, car il jouit du bien et en perçoit les revenus
- Acquitter les charges de copropriété courantes (ascenseur, chauffage collectif, entretien des parties communes)
- Maintenir le bien en bon état d’usage : l’usufruitier ne doit pas le laisser se dégrader
En revanche, les grosses réparations – qui concernent la structure du bien (toiture, murs porteurs, fondations) – restent à la charge du nu-propriétaire, sauf si elles résultent d’un manque d’entretien imputable à l’usufruitier.
Cette répartition des charges peut parfois être source de tensions entre usufruitier et nu-propriétaire, notamment lorsque la frontière entre entretien courant et grosses réparations n’est pas clairement établie.
Durée de l’usufruit et ses effets
L’usufruit peut être constitué de deux manières :
L’usufruit viager : Il dure toute la vie de l’usufruitier et s’éteint automatiquement à son décès. C’est la forme la plus courante, notamment dans les donations avec réserve d’usufruit (les parents donnent la nue-propriété à leurs enfants tout en conservant l’usufruit leur vie durant).
L’usufruit temporaire : Il est établi pour une durée déterminée (par exemple 10 ou 15 ans). À l’issue de cette période, le nu-propriétaire récupère automatiquement la pleine propriété sans formalité particulière. Ce montage est fréquemment utilisé dans l’investissement en nue-propriété.
L’extinction de l’usufruit entraîne la réunion automatique de l’usufruit et de la nue-propriété : le nu-propriétaire devient alors plein propriétaire sans avoir à payer de droits de mutation supplémentaires.
Qu’est-ce que la nue-propriété ?
Définition : propriété des murs sans jouissance
La nue-propriété représente le droit de propriété amputé de l’usufruit. Le nu-propriétaire détient uniquement l’abusus, c’est-à-dire le droit de disposer du bien, mais ne peut ni l’occuper ni en percevoir les revenus tant que dure l’usufruit.
En d’autres termes, le nu-propriétaire possède les murs, la structure juridique du bien, mais pas sa jouissance immédiate. Cette situation peut sembler désavantageuse à première vue, mais elle présente des avantages patrimoniaux et fiscaux considérables.
Le nu-propriétaire est propriétaire du bien aux yeux de la loi, mais avec des droits limités pendant la durée de l’usufruit. Sa situation s’apparente à celle d’un propriétaire qui aurait consenti un bail à très long terme, sans pouvoir récupérer son bien avant l’extinction de l’usufruit.
Droits et obligations du nu-propriétaire
Droits du nu-propriétaire :
- Il conserve le droit de vendre sa nue-propriété, avec l’accord de l’usufruitier ou en respectant certaines conditions
- Il peut hypothéquer sa part pour garantir un emprunt
- Il est assuré de devenir automatiquement plein propriétaire à l’extinction de l’usufruit
Obligations du nu-propriétaire :
- Il doit supporter les grosses réparations (article 605 et 606 du Code civil) : réfection de la toiture, remplacement de la chaudière collective, ravalement de façade, etc.
- Il ne paie pas la taxe foncière pendant la durée de l’usufruit, cette charge incombant à l’usufruitier
- Il ne peut pas occuper le bien ni en percevoir les loyers
Cette répartition fait du nu-propriétaire un investisseur patrimonial à long terme, qui accepte de différer la jouissance de son bien en contrepartie d’avantages fiscaux immédiats.
Quand et comment le nu-propriétaire récupère la pleine propriété
La réunion de la pleine propriété intervient automatiquement dans plusieurs situations :
Au décès de l’usufruitier (pour un usufruit viager) : c’est le cas le plus fréquent. Le nu-propriétaire devient plein propriétaire sans formalité particulière et sans payer de droits de succession supplémentaires. Cette transmission s’opère de plein droit.
À l’échéance de l’usufruit temporaire : si l’usufruit a été constitué pour une durée déterminée (10 ou 15 ans par exemple), le nu-propriétaire récupère automatiquement la pleine propriété à cette date.
En cas de renonciation : l’usufruitier peut renoncer à son usufruit de son vivant. Cette opération peut être intéressante fiscalement dans certaines configurations familiales.
En cas de consolidation : si l’usufruitier et le nu-propriétaire sont d’accord, ils peuvent décider de vendre ensemble le bien en pleine propriété et de se partager le produit de la vente selon le barème fiscal en vigueur.
Cette récupération de la pleine propriété constitue l’aboutissement naturel du démembrement et représente souvent un moment clé dans la gestion du patrimoine immobilier.
Tableau comparatif des trois statuts
Pour mieux visualiser les différences entre ces trois régimes, voici un tableau récapitulatif de leurs principales caractéristiques :
| Critère | Pleine propriété | Usufruit | Nue-propriété |
|---|---|---|---|
| Droit d’occuper le bien | ✓ Oui | ✓ Oui | ✗ Non |
| Droit de percevoir les loyers | ✓ Oui | ✓ Oui | ✗ Non |
| Droit de vendre | ✓ Oui (totalement libre) | ✗ Non (sauf l’usufruit lui-même) | ✓ Oui (avec limitations) |
| Paiement de la taxe foncière | ✓ Oui | ✓ Oui | ✗ Non |
| Entretien courant | ✓ Oui | ✓ Oui | ✗ Non |
| Grosses réparations | ✓ Oui | ✗ Non | ✓ Oui |
| Charges de copropriété courantes | ✓ Oui | ✓ Oui | ✗ Non |
| Transmission successorale | ✓ Pleine valeur | ✓ Valeur de l’usufruit | ✓ Valeur de la nue-propriété |
| Durée | Illimitée | Limitée (viager ou temporaire) | Jusqu’à extinction de l’usufruit |
Implications pratiques de ce tableau
Ce tableau met en évidence plusieurs points essentiels :
Répartition des charges : L’usufruitier assume la majorité des charges courantes puisqu’il profite du bien, tandis que le nu-propriétaire ne supporte que les grosses réparations structurelles.
Liberté de disposition : Seuls le plein propriétaire et (dans une moindre mesure) le nu-propriétaire peuvent vendre le bien. L’usufruitier ne peut céder que son droit d’usufruit, ce qui intéresse rarement les acheteurs.
Fiscalité différenciée : La taxe foncière pèse uniquement sur l’usufruitier et le plein propriétaire, jamais sur le nu-propriétaire pendant la durée du démembrement.
Cette répartition explique pourquoi le démembrement de propriété est devenu un outil patrimonial privilégié pour optimiser les transmissions familiales tout en conservant la jouissance des biens.
Implications fiscales et patrimoniales
Barème fiscal pour la répartition usufruit / nue-propriété selon l’âge
La valeur de l’usufruit et celle de la nue-propriété sont déterminées selon un barème fiscal fixé par l’article 669 du Code général des impôts. Ce barème varie en fonction de l’âge de l’usufruitier au moment du démembrement :
| Âge de l’usufruitier | Valeur de l’usufruit | Valeur de la nue-propriété |
|---|---|---|
| Moins de 21 ans révolus | 90 % | 10 % |
| De 21 à 30 ans révolus | 80 % | 20 % |
| De 31 à 40 ans révolus | 70 % | 30 % |
| De 41 à 50 ans révolus | 60 % | 40 % |
| De 51 à 60 ans révolus | 50 % | 50 % |
| De 61 à 70 ans révolus | 40 % | 60 % |
| De 71 à 80 ans révolus | 30 % | 70 % |
| De 81 à 90 ans révolus | 20 % | 80 % |
| Plus de 91 ans révolus | 10 % | 90 % |
Exemple chiffré : Si Monsieur Martin, âgé de 65 ans, donne à ses enfants la nue-propriété d’un bien immobilier d’une valeur de 500 000 €, la donation portera sur 60 % de cette valeur, soit 300 000 €. Les droits de donation seront donc calculés sur cette base réduite, et non sur la valeur totale du bien.
Pour un usufruit temporaire, la valorisation s’effectue différemment : on retient 23 % de la valeur de la pleine propriété par période de 10 ans, dans la limite de 100 %.
Donation et succession : avantages et droits à payer
Le démembrement de propriété constitue un levier fiscal majeur dans la transmission de patrimoine, particulièrement dans le contexte de donations successorales :
Avantages de la donation en nue-propriété :
- Réduction de l’assiette taxable : Les droits de donation sont calculés uniquement sur la valeur de la nue-propriété, pas sur la valeur totale du bien
- Conservation de la jouissance : Le donateur peut continuer à occuper le bien ou à en percevoir les loyers sa vie durant
- Sortie progressive du patrimoine taxable : Le bien transmis en nue-propriété n’entre plus dans l’actif successoral du donateur, ce qui réduit les droits de succession futurs
- Transmission à terme sans fiscalité additionnelle : À l’extinction de l’usufruit, le nu-propriétaire devient automatiquement plein propriétaire sans payer de droits supplémentaires
Application pratique : Un couple de 70 ans possédant un immeuble de rapport à Paris d’une valeur de 2 millions d’euros peut en transmettre la nue-propriété (70 %, soit 1,4 million €) à leurs deux enfants. Après application des abattements en ligne directe (100 000 € par enfant et par parent), les droits de donation porteront sur un montant considérablement réduit, tout en permettant au couple de continuer à percevoir les loyers.
Investissement en nue-propriété et optimisation patrimoniale
L’investissement en nue-propriété séduit de plus en plus d’investisseurs pour plusieurs raisons :
Décote à l’achat : Un bien en nue-propriété s’acquiert généralement avec une décote de 20 à 40 % par rapport à sa valeur en pleine propriété, selon la durée du démembrement.
Absence de gestion locative : Pendant la durée du démembrement (généralement 15 à 20 ans), l’investisseur n’a pas à se préoccuper de la gestion, de l’entretien courant ou de la fiscalité (pas de revenus fonciers imposables puisqu’il ne perçoit pas de loyers).
Récupération à terme de la pleine propriété : À l’issue de la période, l’investisseur récupère un bien en pleine propriété dont la valeur a mécaniquement augmenté, notamment dans les zones tendues comme Paris et l’Île-de-France.
Optimisation de l’IFI : La nue-propriété est intégrée dans le calcul de l’Impôt sur la Fortune Immobilière pour sa valeur démembrée, ce qui peut permettre une optimisation.
Cette stratégie s’inscrit dans une logique patrimoniale à long terme et convient particulièrement aux investisseurs disposant d’autres revenus et souhaitant se constituer un capital différé.
Foncière George V, spécialiste de l’immobilier parisien depuis 40 ans et fort de plus de 400 acquisitions, vous accompagne dans vos stratégies patrimoniales. Contactez-nous au 01 42 67 26 26 pour une analyse personnalisée de votre situation.
Quand opter pour quel régime ?
Scénarios d’usage : transmission familiale, investisseur, retraité
Le choix entre pleine propriété, usufruit et nue-propriété dépend de votre situation personnelle et de vos objectifs patrimoniaux.
Scénario 1 : Vous souhaitez transmettre tout en conservant la jouissance
Monsieur et Madame Lefèvre, 68 ans, possèdent un immeuble de rapport dans le Marais générant 60 000 € de loyers annuels. Ils souhaitent transmettre ce bien à leurs trois enfants, mais ont besoin de ces revenus pour leur retraite.
Solution optimale : Donation de la nue-propriété aux enfants avec réserve d’usufruit. Avantages :
- Réduction de l’assiette taxable (donation portant sur 60 % de la valeur seulement)
- Conservation des loyers leur vie durant
- Transmission automatique de la pleine propriété aux enfants à leur décès, sans droits supplémentaires
- Sortie de l’immeuble de leur actif successoral
Scénario 2 : Vous êtes investisseur patrimonial avec horizon long terme
Madame Durand, 45 ans, cadre supérieure, dispose d’un capital de 300 000 € et souhaite investir dans l’immobilier parisien sans contrainte de gestion.
Solution optimale : Acquisition d’un bien en nue-propriété pour 15 ans. Avantages :
- Prix d’achat réduit (décote de 30 à 35 %)
- Aucune gestion locative pendant 15 ans
- Pas de revenus fonciers imposables pendant cette période
- Récupération d’un bien en pleine propriété valorisé à l’issue
Scénario 3 : Vous êtes héritier en indivision successorale
Suite au décès de leur mère, trois frères et sœurs se retrouvent en indivision sur l’appartement familial. L’un d’eux y habite et souhaite le conserver.
Solution optimale : L’occupant rachète la nue-propriété des parts de ses frères et sœurs, tout en leur concédant un usufruit temporaire de 10 ans. Cela leur permet de percevoir une partie des loyers pendant cette période tout en sortant progressivement de l’indivision.
Erreurs fréquentes à éviter
Erreur n°1 : Négliger l’entretien du bien en tant qu’usufruitier
L’usufruitier qui laisse le bien se dégrader peut voir son usufruit déchu par décision de justice. Un cas récent a opposé un fils nu-propriétaire à sa mère usufruitière qui avait laissé une maison familiale en Normandie tomber en ruine. Le tribunal a prononcé la déchéance de l’usufruit, permettant au fils de récupérer la pleine propriété de manière anticipée.
Enseignement : L’usufruit emporte des obligations sérieuses. Un état des lieux détaillé au moment du démembrement et un entretien régulier sont indispensables.
Erreur n°2 : Mal anticiper les grosses réparations
De nombreux conflits naissent de désaccords sur la qualification des travaux : entretien courant ou grosse réparation ? Un remplacement de chaudière individuelle est-il à la charge de l’usufruitier ou du nu-propriétaire ?
Enseignement : Il est vivement recommandé de faire établir un diagnostic technique complet avant tout démembrement et de prévoir contractuellement la répartition des charges pour les cas litigieux.
Erreur n°3 : Ignorer les conséquences en cas de divorce ou séparation
Lorsqu’un couple détient un bien en démembrement et se sépare, les situations peuvent devenir très complexes, notamment si un ex-conjoint est usufruitier et l’autre nu-propriétaire.
Enseignement : Avant tout démembrement dans un couple, il convient d’anticiper les clauses de sortie en cas de séparation.
Questions fréquentes (FAQ)
Quelle est la différence entre usufruit, nue-propriété et pleine propriété ?
L’usufruit confère le droit d’utiliser un bien et d’en percevoir les revenus (loyers), mais pas de le vendre. La nue-propriété donne le droit de disposer du bien (le vendre) mais pas de l’occuper ni d’en tirer des revenus. La pleine propriété réunit les deux : usage, revenus et disposition totale du bien. En d’autres termes, l’usufruit et la nue-propriété sont les deux composantes du démembrement, tandis que la pleine propriété en est la réunion.
Qui paie les travaux et charges dans un démembrement ?
L’usufruitier paie l’entretien courant, les petites réparations, la taxe foncière et les charges de copropriété courantes puisqu’il jouit du bien. Le nu-propriétaire assume les grosses réparations qui concernent la structure du bâtiment : toiture, murs porteurs, ravalement de façade, remplacement de la chaudière collective. Cette répartition est définie par les articles 605 et 606 du Code civil, sauf convention contraire entre les parties.
Comment est calculée la valeur de l’usufruit et celle de la nue-propriété ?
La valeur fiscale de l’usufruit et de la nue-propriété est déterminée par un barème fiscal qui dépend de l’âge de l’usufruitier. Par exemple, si l’usufruitier a entre 61 et 70 ans, l’usufruit vaut 40 % de la valeur totale du bien et la nue-propriété 60 %. Plus l’usufruitier est jeune, plus l’usufruit a de valeur (jusqu’à 90 % pour les moins de 21 ans). Pour un usufruit temporaire, on retient 23 % de la valeur par tranche de 10 ans, dans la limite de 100 %.
Quand choisir une donation en nue-propriété ?
La donation en nue-propriété est particulièrement intéressante si vous souhaitez transmettre votre patrimoine immobilier à vos enfants tout en conservant l’usage de votre bien (occupation ou perception des loyers). Cette stratégie permet de réduire l’assiette taxable des droits de donation (qui ne portent que sur la valeur de la nue-propriété) et de sortir le bien de votre actif successoral futur. À votre décès, vos enfants récupéreront automatiquement la pleine propriété sans payer de droits supplémentaires.
Que se passe-t-il si l’usufruitier ne remplit pas ses obligations ?
Si l’usufruitier néglige l’entretien du bien et le laisse se dégrader, le nu-propriétaire peut saisir le tribunal pour demander la déchéance de l’usufruit. Cette sanction entraîne l’extinction anticipée de l’usufruit et permet au nu-propriétaire de récupérer la pleine propriété avant le terme normal. Des jurisprudences existent en ce sens, notamment dans des cas de biens laissés à l’abandon pendant plusieurs années. La déchéance reste toutefois exceptionnelle et nécessite de prouver une faute grave de l’usufruitier.
Puis-je vendre un bien en nue-propriété ou en usufruit ?
Oui, mais sous certaines conditions. Le nu-propriétaire peut vendre sa nue-propriété, mais les acheteurs potentiels sont rares car ils devront attendre la fin de l’usufruit pour jouir du bien. L’usufruitier peut céder son usufruit, mais cette opération est encore plus rare car l’acquéreur n’obtiendra qu’un droit temporaire. La solution la plus courante est la vente en pleine propriété avec l’accord des deux parties : usufruitier et nu-propriétaire vendent ensemble et se partagent le prix selon le barème fiscal.
Le démembrement de propriété est-il intéressant pour réduire l’IFI ?
Oui, partiellement. Dans le cadre de l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI), les biens détenus en nue-propriété sont déclarés pour leur valeur démembrée selon le barème fiscal. Cela peut permettre une optimisation, notamment si vous avez donné la nue-propriété à vos enfants tout en conservant l’usufruit. En revanche, si vous êtes usufruitier, vous devez déclarer la valeur de votre usufruit. Pour en savoir plus sur l’Impôt sur la Fortune Immobilière, consultez notre guide dédié.
Conclusion
La distinction entre usufruit, nue-propriété et pleine propriété est au cœur de nombreuses stratégies patrimoniales et successorales. Comprendre ces trois notions vous permet d’anticiper et d’optimiser vos transmissions, qu’il s’agisse de donations familiales, d’investissements immobiliers ou de gestion d’une succession.
À retenir :
- La pleine propriété offre tous les droits (usage, revenus, disposition) mais aussi toutes les charges
- L’usufruit permet de jouir du bien et d’en percevoir les revenus, mais l’usufruitier ne peut pas le vendre
- La nue-propriété confère la propriété juridique sans jouissance immédiate, avec récupération automatique de la pleine propriété à terme
- Le démembrement de propriété constitue un levier fiscal puissant pour réduire les droits de donation et optimiser les transmissions
Ces mécanismes juridiques, bien que complexes, sont parfaitement maîtrisés par les notaires et les conseillers en gestion de patrimoine. Avant toute décision, il est impératif de consulter un professionnel pour adapter la solution à votre situation personnelle.
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Cet article a été rédigé à titre informatif et ne saurait se substituer à un conseil juridique ou fiscal personnalisé. Pour toute décision patrimoniale, nous vous recommandons de consulter un notaire ou un conseiller en gestion de patrimoine.
Mise à jour le 10/11/2025




